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Page:Annales du Musée Guimet, tome 21.djvu/279

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ZEND-AVESTA  : YASNA 12 ET 13. — APPENDICE


il était né tout naturellement des nécessités, des préjugés et des intérêts de la vie patriarcale, les causes mêmes qui le maintiennent encore aujourd’hui dans une partie de la Perse musulmane. Or, cette coutume laïque offrait au conservatisme religieux des avantages qui la rendaient éminemment recommandable. Les mariages mixtes sont dangereux pour le fanatisme religieux et l’exclusivisme national . À ces unions impies qui mêlent religions, castes et races et altèrent l’idéal moral et physique du Zoroastrien, les docteurs se trouvèrent amenés à opposer, avec un enthousiasme croissant, la pureté et l’unité réalisée par des unions qui mêlent comme le même sang et la même âme. Mais l’union entre cousins ne réalise qu’à moitié cette unité parfaite : il y a loin déjà de la source commune et la diversité s’est introduite ; le produit sera plus pur et plus homogène, si l’époux et l’épouse sont sortis du même sein, et plus encore si l’époux est né de l’épouse ou l’épouse de l’époux. Le sang s’altère en s’alliant à un autre sang ; il n’est plus que de moitié dans le produit qu’il engendre ; pour se conserver, il faut qu’il se mêle à lui-même : le fils qu’un père engendre de sa fille lui doit son être tout entier, et s’il s’agit de dons divins à transmettre, comme le droit royal ou la sainteté suprême, la légitimité de la transmission résulte de l’identité absolue du léguant et du recevant.

Les spéculations cosmogoniques conduisaient à des conclusions analogues. Tout raisonnement sur les origines de l’humanité conduit nécessairement à un inceste de frère et sœur : mais tout commencement est une exception, et la plupart des cosmogonies, en posant l’inceste initial, ne font pas de l’exception du début la loi ou l’idéal de la suite. Les docteurs mazdéens eurent le tort de raisonner, et les accidents de la vieille mythologie naturaliste les amenèrent à mettre entre le Créateur et le premier inceste fraternel une nouvelle série incestueuse. Le mariage d’Ahura et de Spenta-Armaiti n’était à l’origine que la reproduction du vieil hymen cosmogonique entre le Ciel et la Terre, entre Dyaus et Prithivî, Ouranos et Gê, Jupiter Pluvius et Tellus 22[1] : mais le monothéisme zoroastrien avait fait de Prithivî une création, une fille de Dyaus, et par là leur innocente union se trouvait transformée en inceste.

  1. 22. Voir plus haut, page 24.