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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

Si ces inductions sont justes, la théorie du Khêtùk-das incestueux n’aura été qu’une création de logiciens poursuivant l’idéal impossible de l’unité du sang. Mais par là même le droit à l’inceste n’a jamais dû être que le droit des très nobles ou des très saints : la chose ressort presque textuellement des termes de Catulle et de Philon : ce n’est qu’à un sang pur et sacré qu’il importe de se renouveler en s’alimentant à sa propre source. L’exaltation avec laquelle les Docteurs glorifient le Rhêtûk-das incestueux montre combien il était rare et peut-être répugnant à la conscience nationale. Il semble parfois que leur objet, en vantant ce Khêtûk-das extrême, soit simplement de faire respecter l’autre et de faire ressortir plus violemment l’horreur du mariage entre étrangers. Tout le mal dans l’humanité est venu, dit un Rivàyat pehlvi, de ce que les hommes n’ont pas suivi l’exemple donné par les ancêtres de la race, Mashya et Mashyôî, et de ce qu’ils vont prendre femme dans d’autres maisons, d’autres villes, d’autres pays, licite un mot d’Auhrmazd à Zoroastre, que parmi les quatre plus belles œuvres qui soient est le Rhêtûk-das avec mère, fille ou sœur, et il annonce qu’à l’arrivée de Sôshyans toute l’humanité pratiquera le Khêtûk-das 23[1]. Le Khêtûk-das simple était au fond sans doute tout ce qu’il demandait. Les religions encore mal établies, ou menacées, ont de ces excès de doctrine qui demandent le plus pour obtenir le moins : nous en verrons dans la législation du Vendidad des exemples exorbitants qu’il serait naïf de prendre au sérieux, et pour beaucoup de docteurs ces mots « l’idéal serait d’épouser sa fille » signifiaient simplement : « mariez-vous dans la famille ».



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  1. 23. West, Pahlavi Texts, II, 416.