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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


cette Pairika 15[1] ; pour les anéantir 16[2], pour les détruire ; pour repousser la malfaisance, et l'Ashemaogha, impie, et l’oppresseur aux mille morts.
9 (50). Nous sacrifions à toutes les eaux ; nous sacrifions à toutes les plantes.

Nous sacrifions à tous les dieux bons, nous sacrifions à toutes les déesses bonnes.

Nous sacrifions à toutes les divinités du ciel et de ce monde, qui donnent le bien et qui sont saintes.
10 (53). Nous te sacrifions, à toi qui es la demeure même, ô Spenta Ârmaiti 17[3] ;

et nous te sacrifions, à toi qui es le maître de la demeure, ô saint Ahura Mazda ; que sains y soient les troupeaux, sains y soient les hommes, sain y soit tout ce qui vient du Bon Principe ; et que toutes les créatures, quelles qu’elles soient 18[4], me demeurent en cette demeure de longs jours, été et hiver 19[5] !
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  1. 15. Mûsh Pairika, la Péri Mùsh, paraît dans la cosmographie du Bundahish comme un démon attaché au soleil, de la même façon que Gôzîhr (Gaocithra) est attaché à la lune. Elle est sans doute la cause de ses éclipses, ce qui confirmerait son épithète de duzd « voleuse ». Le mot mûsh est en persan le nom de la souris : le sanscrit mush réunit les deux sens ; il signifie comme substantif « rat, souris », et comme verbe « voler », quel que soit des deux sens le primitif. Je ne sais si dans la mythologie de l’éclipse, il y a d’autres exemples du soleil rongé par la souris, humble représentant du Rahu indien : en tout cas, dans notre passage, il ne s’agit point de la Mûsh solaire, laquelle ne parait que dans le Bundahish, mais tout prosaïquement de la souris ou du rat terrestre, dont elle est la personnification démoniaque. D’après le Saddar (ch. xliii), il y a autant de mérite à tuer un rat que quatre lions. L’exorcisme contre la Péri Mûsh a pour objet de soustraire les plantes à la dent des rongeurs.
  2. 16. paiti-scaptayaêca ; lakhvâr nasinishnih.
  3. 17. yazamaidê thwàm maèthanem yàm Armaitim speñtàm. — Spenta-Armaiti, déesse de la terre, est notre demeure et en même temps, comme Amshaspand femme et comme épouse d’Ahura, elle est le type de la maîtresse de maison. Le pehlvi traduit : « Je sacrifie [à la supérieure] de la maison, [c’est-à-dire la supérieure du monde], Spendàrmat, [en sa qualité de maîtresse de maison] ». Nériosengh traduit de même grihinîm. Le Rivàyat pehlvi l’appelle « la maîtresse de maison du Paradis » (katakbânûkî Vahisht ; voir p. 128, n. 5).
  4. 18. hà mê, comme dans Spiegel ; lecture des bons manuscrits J2, Pt4, confirmée par le pehlvi (lanà).
  5. 19. C’est-à-dire : « que l’on ne meure pas chez moi » !