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ZEND-AVESTA : YASNA 46. — GATHA USHTAVAITI 4


18. Qui se laisse purement guider par moi fait la plus belle des choses du monde 79[1]. Celui qui m’enrichit, je lui fais goûter les biens de Vohu Manô. Détruit soit qui cherche à me détruire 80[2] ! O Mazda, ô Asha, je cherche à complaire à votre vœu et c’est Là le choix de mon intelligence et de ma pensée.
19. Celui-là qui pieusement réalisera dans sa conduite ce que désire le plus Zarathushtra 81[3], celui-là aura récompense méritée dans les deux mondes 82[4], avec tous les biens qu’il m’a donnés et avec la vache Azî 83[5].

C’est toi qui me l’as dit, toi, Mazda, qui sais le mieux 84[6].

    la glose : « il donne à qui il faut donner ». — dañgrâ mañtù, dânâk patmân. Sur dañgra, v. Y. XLV, n. 36.

  1. 79. Litt. « Qui à moi purement, à lui serait la plus belle chose » ; glose : « Celui qui devient mon disciple, c’est la plus belle chose du monde ». Je traduis ascit̪ comme étant as cit̪ ; cependant le pehlvi traduit punci tan, glosé pun gîtî « de corps, c’est-à-dire dans le monde matériel » ; faut-il considérer ascit̪ comme étant pour asticit̪ ? — Au vers suivant ; « de fortune mienne, je lui fais goûter Vohu Manô » ; c’est à-dire « celui qui me donne de l’argent, Vohu Manô lui donne récompense ».
  2. 80. àstéńg ahmài yé nào àstàî daîdità, traduit anâstîh ô olâ man ô lanâ anâstîh yahbûnêt « destruction à qui nous donne destruction » ; litt. « à qui nous donne à destruction ». àsténg àstàs- (Y. XLIV, 14 ; n. 44) est l’accusatif pluriel d’un thème àsta, dont àstài est le datif singulier. La traduction de Nériosengh nâstika et probablement le pehlvi anâstîh semblent considérer àstà comme un dérivé du verbe essentiel avec préfixe négatif : * an-àstà « non-existence » : cependant le nom d’agent àstà, Y. XXXIV, 8, ferait plutôt croire à un dérivé de la racine àz « oppresser, étouffer » (àzô, angoisse ; v. Y. VIII, 8), d’où * àz-tà, étouffement, * àztàr, qui étouffe : àzò est traduit nàstikatâ dans l’Af. Gàh. 8. Cf. Nîrang., § 41 (âsta, anîtîh).
  3. 81. yé môi ashât haithim hacà vareshaitî Zarathushtrâi hyat̪ vasnà ferashôtemem ; c’est-à-dire celui qui se conduira suivant les désirs de Zoroastre. Ces vers sont l’origine de la formule ; haithyàvareshtàm hyat̪ vasnà ferashôtemem, Hâ L, 11 d.
  4. 82. Litt. « récompense à lui le méritant ». — paràhùm, dar kulâ dù akhvân « dans les deux mondes » ; le mot paràhu est sans doute pour ahu-paràhu, ce monde et le monde d’au delà.
  5. 83. mané vistàish mat vîspaîsh gàvà azi : le pehlvi coupe la phrase d’une façon qu’il n’est pas possible d’accepter, séparant l’un de l’autre vistàîshet vispàîs : man ô li nividêt [aîgham mandùm yahbûnêt] ash Ivatà yahvûnêt pun harvisp [damân] gàvà àzi : « celui qui m’annonce [c’est-à-dire me donne quelque chose] avec lui sera en tout [temps] la vache Azi » [nividêt, « m’annonce en faisant le nivaèdhayèmi », V. pp. 5-6).

    On peut hésiter pour le sens littéral de vistàish entre vid (au sens prêté par le pehlvi) et vid au sens d’obtenir. La vache Azi est le symbole des bénédictions matérielles et célestes : v. Y. XXIX, 5, note 24.
  6. 84. Ici encore le pehlvi est certainement dans le faux : fàcit̪ mòi sàs tvém Mazdà