Page:Annales du Musée Guimet, tome 21.djvu/481

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
335
ZEND-AVESTA : YASNA 51. — GATHA VOHUKHSHATHRA
12. Point ne me veulent de bien les Vaêpis et les Kavis dans le passage de l’hiver 38[1] à moi Zarathushtra le Spitàma, tandis que souffre mon corps et que je passe à travers la méchanceté39[2] du froid 40[3].
13. Et le méchant et le pur rendront un compte exact de leur religion 41[4], [le méchant], dont l’âme gémira en face du Pont Cinvaإ 42[5], parce qu’il a par ses actes et par sa langue détruit les voies du Bien 43[6].
14. Des Karapans ne vient ni amitié généreuse, ni aucune excellence d’œuvre 44[7] ; ils n’enseignent à bien traiter le troupeau ni dans leur pratique

    frârûnih khavîtûnêt ». — magâî ereshvô, pun makîh ràst « droit avec makîh », c'est-à-dire pun arêzak shapîrîh « avec bonté pure », v. XLVIII, n. 33.

  1. 38. La traduction de toute cette strophe est très conjecturale, la traduction pehlvie étant aussi obscure que l’original. L’analyse du Dînkart est ici trop générale pour être d’un grand secours  : madam duskmanih î kaî vaêp î Akht î duskdên i tôm-ahu ol Zartûkasht « de l'hostilité du Kavi Vaêpi, Akhtya à la mauvaise religion et fils des ténèbres (cf. Yt. V, 82), contre Zoroastre ». — kavi est un des noms du tyran infidèle, un synonyme de karapan ; vaèpi est le sodomite (cf. Yd. VIII, 32 ; Dâdistan, LXXII, 6-7)  : l’enfance de Zoroastre fut en butte aux persécutions d’une famille de princes magiciens, les karap (West, Pahlavi Texts, I, 195  ; II, 218 ; IV, 111, note 4). Je suis dans la traduction les indications du pehlvi  : tâ-am pun zak kuld 2 shnâyînîtak vaêp î [suppléer kik] dar vitargi zamistân pun khórishn u vastrag « de ces deux choses point ne m’a satisfait le vaêp [kîk] au passage de l’hiver — à savoir de nourriture et de vêtement »  : autrement dit, le méchant prince laisse le pauvre mourir de faim et de froid en hiver. Cette traduction repose sur peretô zemô  : vitargi zamistân ; mais cette expression rappelle de si près le méñg peretha de XLVIII, 2, note 4, qu’il semblerait plus naturel de traduire « au Pont de la Terre », et d’entendre  ; « Point n’auront de plaisir au Pont Cinvat les Vaêpis et les Kavis »  : cf. la strophe suivante ; mais la suite de la strophe ne cadre pas.
  2. 39. hyat ahmî urùraost ashtò : urùraost, de rud « faire tort » (I, 21, 59)  ; ashtò est inconnu et transcrit ashtak ; je traduis comme s’il y avait astò ; c’est une hypothèse sans autorité.
  3. 40. hyat hòi im caratascà aodereshcà zòishenù vàzà ; caratascà est rendu sari « froid », comme s’il y avait saratasoà ; aoderesiicà, bajak-dgîn « méchant «  ; zùisbeiiù, pun ravislin « en marche » ; vàzà, aman... vdzlnit « nous mettons en marche ». La traduction est plus que douteuse. L’analyse est inexacte : caratascâ est correct et répond à pun ravishn, aodereshcâ à sart (cf. Nirang., § 28, où aodra sarmâ ; aodra serait-il pour * aotra, de aota, froid), zôishenû à bajak-âyîn.
  4. 41. Litt. « la daèna (v. p. 254, n. 40) du méchant et du pur est comptée (ou rend compte) manifestement » ; « ces deux » signifie soit « quant aux deux mondes » (N. uhbayor bhuvanayos), soit « quant à ces deux », le méchant et le pur.
  5. 42. yèhyà urvà kbraodaitî cinvatò perctào àkào ; cf. XLVI, 11 c : yéńg hvé urvà hvaècà kbraodaإ daènà, hyaإ aibi gemen yathrà cinvatò peretush  ; Vd. V, 4 et 7 ; XIII, 8-9.
  6. 43. Litt. « par ses actions et [celles] de sa langue ». nàsvào, participe sur le type vîdvào (nasînînd).
  7. 44. nòiإ urvàthà dàtòîbyascà karapanò vàstràإ arém ; litt. « Du Karapan point amitié