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ANNALES DU MUSÉE GUIMET
Le mot nô-zûd désigne en Iran, comme nàbar, la cérémonie qui fait l’Hêrbad. Ce sont les Parsis d’Iran qui sont dans le vrai  ; car le mot nô-zûd signifie littéralement « nouveau Zaotar »[1] et par suite ne peut s’appliquer à la cérémonie première, qui fait, non le prêtre, mais le fidèle, et s’applique à des enfants[2].
Je ne connais pas le nom iranien de la dernière initiation qui est désignée dans l’Inde par le Marâtib. Le mot marâtïb est arabe  : c’est le pluriel brisée de martaba « degré, fonction »,


Dans l’Avesta, le Beh-dìn ou laïque est dit Mazda-yasnô ou adorateur de Mazda. Nous ne possédons pas les équivalents avestéens de Hèrbad et Maubad, de Nô-zûd et Nàbar. L’équivalent linguistique de Hèrbad existe bien dans l’Avesta, c’est le zend aêthrapaiti, mais il n’a pas le sens inférieur qu’il a pris plus tard  : l’aêthrapaiti est « le maître », le prêtre qui enseigne, et s’oppose à hâvishta « le disciple »  : il ne désigne pas encore le degré inférieur du sacerdoce, par opposition au degré supérieur. Dans la vieille littérature pehlvie, dans le Vendidad pehlvi et le Nîrangistân, il a encore le sens ancien  : ainsi, Mânùshcìhr, qui était le chef de la religion de Pârs et de Kirmàn en 881, et qui prend le titre de « Chef des Âthravan » (àsravàn pèshak farmàtâr ; Dàd. XLV, 5), prend aussi le titre de « Seigneur Hèrpat », Hèrpat Khûtài, et même simplement de Hèrpat[3]. Trois
  1. Spiegel, Avesta, II, xxiii.
  2. D’après le Saddar V, il semblerait que tous les fidèles, même les femmes, doivent célébrer le Nô-züd. En réalité, les laïques, ne pouvant être initiés, font célébrer pour leur bénéfice les cérémonies du Nô-zûd  : ces cérémonies prennent alors le nom de Gitì khirîd « achat dans ce monde », parce que par là le fidèle s’achète dans ce monde même une place dans l’autre.
    L’origine et le sens exact du mot nàbar نابر, pehlvi nâpar et nâivar, sont obscurs. Il est dit dans le Commentaire du Yasna, XIX, 6, 10, que celui qui célèbre le Yasht nàvar, Ahura transporte ce jour-là trois fois son âme dans le Paradis ; et le Saddar, V, 6, applique le passage à la célébration Nô-zûd et du Gitì khirîd ce qui indique l’équivalence des deux termes pour la période ancienne. Aujourd’hui le mot nàvar, outre le sens d’initiation à un degré du sacerdoce, s’applique au Yasna célébré sans Vispéred, qui s’appelle alors Mînô nàvar.
  3. Il se dit aussi « chef des ôst et des Magûpat de Perse » (madam ôstân magûpatânici Pârs ; XLV, 5)  : ôst désigne ici sans doute, comme le moderne ôstâ, l’ecclésiastique de naissance, non initié  : l’expression signifiera  : « le chef des ecclésiastiques, (non initiés ou initiés). »