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ORIGINES DU ZOROASTRISME. — II. FORMATION DE LA COLLECTION AVESTÉENNE

prennent sur leur monnaies le titre de Philhellènes, qui dans leur art, dans leur médailles, dans leurs rares inscriptions, sont les élèves et les imitateurs des Grecs dont ils empruntent la langue et les symboles, étaient, sinon des ennemis du Mazdéisme, du moins de tièdes adorateurs de Mazda. Cette idée ne doit être reçue qu’avec réserve, puisque nous voyons la tradition zoroastrienne chercher parmi les Arsacides un précurseur dans l’œuvre de restauration religieuse. Nulle part d’ailleurs Ardashîr ne paraît comme professant une religion différente de celle de ses prédécesseurs[1]. Les chroniques notent expressément qu’il n’y avait pas de différence de religion entre lui et eux, et nous verrons même des Arsacides lui reprocher des infractions à la religion de Zoroastre[2]. Il n’y a donc pas à s’étonner de trouver un Arsacide à la tête d’un mouvement de restauration religieuse.

Quel est ce Valkhash qui entreprit le premier la grande œuvre ? Valkhash est le nom que les Latins ont transcrit Vologèse. Nous connaissons cinq princes arsacides de ce nom : le plus célèbre est Vologèse Ier, le contemporain de Néron, qui régna de l’an 54 à l’an 78 ou environ. Ce que l’on sait de lui et de son milieu s’accorde avec le rôle que le Dînkart prête à un Vologèse. Son frère, Tiridale, roi d’Arménie, était un Mage et un Mage fervent : appelé à Rome pour y recevoir la couronne des mains de Néron, il était venu en longeant les côtes et avait refusé, — sacerdotii religione, dit Tacite[3], — de venir en vaisseau, pour ne pas souiller les eaux, « car les Mages considèrent comme un crime de cracher dans les flots et de les souiller des autres nécessités humaines »[4]. Vologèse lui-même partageait ces scrupules et refusa de venir à Rome où l’invitait Néron[5]. Il frappa

  1. Hamza d’Ispahan, tr. Gottwaldt, 31.
  2. Voir plus bas, section II.
  3. Annales, XV, 24.
  4. « Magus ad eum Tiridates venerat… Navigare noluerat, quoniam inspuere in maria, aliisque mortalium necessitatibus violare naturam eam fas non putant » (Pline, Hist. nat., XXX, 6) : cf. Vd. VII, 25-27.
  5. « Venez vous-même, répondit-il : il vous est plus facile de traverser cette immensité de mer » (Dion Cassius, LXIII, 4). Néron prit cette réponse pour une insulte : à tort, sans doute. Vologèse resta jusqu’au bout fidèle à la mémoire de Néron.