sence de toule douuée historique, considérer ces dogmes comme la création
des Mages : quant à faire de ces Mages des Scythes, des Tourauiens
ou autres, et à voir dans le Magisme le reflet d’une religion scythique,
c’est une supposition qu’il est prématuré de discuter, tant qu’elle ne repose
sur aucune donnée de fait, aucun indice précis, aucun témoignage direct
ou indirect. Qu’il y ait eu en Médie, jadis comme aujourd’hui, un élément
ethnique non aryen, cela est possible, cela est probable : que cet élément,
dont nous ne connaissons rien, ait été un élément de civilisation et créé
le Magisme, cela n’est encore qu’une hypothèse au second degré ’. Tout au
plus peut-on voir dans l’habitude de jeter les morts aux bêtes fauves un trait
de mœurs très primitives, commun à beaucoup de peuplades semi-sauvages
de l’Asie, que le Magisme aura accepté et consacré par le dogme de la pureté
des éléments-. La seule civilisation voisine dont nous connaissions l’existence
est la civilisation assyro-babylonienne, qui, nous le savons, a été en
beaucoup de choses l’initiatrice des Iraniens ^ et peut-être y aurait-il lieu
de chercher si de ce côté les Mages n’ont reçu aucune leçon ni aucune inspiration.
Faut-il chercher dans le renouvellement du monde qui suit la
grande année de douze milléniums une transformation des mythes sémitiques
de la renaissance annuelle de Tammuz et d’Adonis ? La résurrection
elle-même semble attestée dans le cylindre babylonien dit de Cyrus *. En
attendant que des fouilles en Médie soient possibles, l’assyriologie est
la seule source d’où l’on puisse attendre quelque lumière sur la civilisation
ancienne de la Médie : elle n’en a pas encore fournie
•]. Sur la théorie ijizarre qui voit dans les noms royaux de la dynastie d’Âstyage
des noms scythiques aryanisés, voir Eludes iraniennes. Il, 12-13.
2. Un des hommes qui ont eu par la pratique le sentiment le plus fin des choses
de l’Orient, sir Alfred Lyall, avec qui je m’entretenais des lois zoroastriennes sur
l’exposition des morts, résumait sa pensée en ces deux mots décisifs : Tliey foiind il
convenient, Ihey made il reiigious.
3. Us lui doivent leur art, leur écriture.
4. li’ihi sha ina lukulli shn ubnlliln m/lulam, traduit : « Dcr Herr welcher im Vertrauen darauf dassor Todte lebendig machl » [Krilinsclivifl-nihiiolkcl ;, lit, 2, 121). D’après M. Arthur Strong (communication personnelle) : « le Dieu, par la foi de qui il ressuscite les morts ». S’il n’y a ici qu’une métaphore, la métaphore même suppose le dogme à l’arrière-fond.
5. Voir le résumé des données assyriennes dans J.-V. Prashek, Medien und das IJaiis des Krjaxares, Berlin, 1890.