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FRAGMENTS TRADUITS DU KANDJOUR

Les dieux diront à Bhagavat : Vénérable, Rudraka, fils de Râma, est mort au crépuscule avant la dernière nuit. Bhagavat s’étant alors assis pour méditer, et ayant produit l’œil de la science, (vit qu’en effet) Rudraka fils de Râma était mort à (ce) crépuscule. Puis Bhagavat eut cette pensée : Hélas ! Rudraka, fils de Râma est mort ; il n’est vraiment plus. Hélas ! puisque Rudraka fils de Râma est mort, il n’a pas entendu cette discipline de la loi ; s’il avait entendu cette discipline de la loi, il l’aurait comprise. Telle fut sa réflexion. Ensuite Bhagavat eut cette pensée : À qui enseignerai-je premièrement la loi ? Puis il eut cette (autre) pensée : C’est aux Bhixus, formant un groupe de cinq, que je dois premièrement enseigner la loi ; ceux-là, autrefois quand je restais en place, appliqué avec énergie à la méditation (yoga) qui pouvait m’affranchir de la douleur, m’ont assisté comme leur supérieur, de leurs respects et de leurs amabilités.

Puis Bhagavat eut cette pensée : Où résident maintenant les Bhixus du groupe de cinq ? — et Bhagavat, avec son œil divin parfaitement pur et qui dépasse l’(œil) humain, vit les Bhixus du groupe de cinq installés à Bénarès, à Ṛṣivadana[1], dans le bois des Gazelles (Mṛgadâva). À cette vue, après avoir demeuré aussi longtemps qu’il lui avait plu près de l’arbre de la Bodhi, il se dirigea du côté où est Vârânasi, capitale des Kaçi.

4. RENCONTRE D’UPAKA

En ce temps, l’Ajivaka Upaka cheminait sur cette même route. L’Ajivaka Upaka aperçut Bhagavat qui venait par ce chemin. L’ayant vu, il lui adressa ces paroles : Çramana Gautama, tes sens sont purs ; les couleurs de ton visage sont parfaitement pures ; puisque tu as le teint si clair, Ayuṣmat Gautama, quel est ton précepteur ? Sur qui t’es-tu appuyé pour devenir parivrajaka (moine errant) ? Dans la loi de qui te complais-tu ?

Bhagavat prononça ces stances :

Il n’existe personne qui soit semblable à moi ;
Pour moi il n’existe point de maître.

  1. En certaines portions du Kandjour on trouve la leçon drang srong-gi-smra-va (Ṛṣivadan paroles des Ṛṣis ») au lieu de drang-srong-gi-lrung-va (Rṣipatana « chute des Riṣis »). — On sait que Bhixu (mendiant) est le nom sanskrit des moines bouddhistes ; les Tibétains le rendent par Dge-Slong.