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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

gneur des obstacles[1], le grand Père (Brahma)[2] avec la (divine) Sarasvatī[3], et me prosternant devant l’adorable Laksmī[4], Garuḍa[5], (Shesha) aux mille têtes[6], Pradyumna[7], le Seigneur (Shiva), le dieu-singe (Hanuman), le glorieux Soleil, la Lune, Mars, Mercure, Jupiter, Vénus, (Saturne), le fils de Chāyā[8], (Kartikêya) aux six faces[9], Indra[10], et tous les autres dieux, devant mes précepteurs, ma mère, mon père nommé Ananta[11], devant Mādhava[12] et les autres grands et vénérables sages, je compose ce modeste[13] recueil des Rites religieux.

  1. Le fameux dieu à tête d’éléphant, fils de Shiva et de son épouse Pārvati. Il amoncelle les obstacles s’il est mécontent, et les écarte quand on se l’est rendu favorable.
  2. Première divinité de la Triade indoue. Il a la forme masculine et c’est un être personnel tout à fait différent de Brahm, forme neutre et essence universelle impersonnelle.
  3. Déesse de la science et de l’éloquence. Suivant certains auteurs, elle est l’épouse, suivant d’autres la fille de Brahma.
  4. Épouse de Vishnu, déesse de la fortune et de la beauté.
  5. Célèbre dieu-oiseau, serviteur de Vishnu.
  6. Shesha, le dieu serpent à mille têtes est donné dans certains ouvrages comme le roi des Nagas, ou serpents des sept mondes infernaux ; d’après d’autres il sert de lit et de dais à Vishnu, et quelquefois on la représente portant sur une de ses têtes les sept mondes infernaux, surmontés du monde terrestre et de six autres mondes célestes superposés.
  7. Épithète de Kāmadeva, dieu de l’amour.
  8. L’ombre personnifiée, épouse du Soleil.
  9. Plus connu sous le nom de Skanda, dieu de la guerre. Il fut procréé, dit-on, par Shiva seul, sans intervention du principe féminin. Lorsqu’à sa naissance, les six Kritikas, ou Pléiades, lui offrirent chacune leurs seins, sa tête se divisa en six pour satisfaire à chacune d’elles. De là son nom de « dieu à six visages. »
  10. Indra est le dieu de l’atmosphère et le roi des dieux du ciel, mais il est subordonné à la Triade.
  11. Ici l’auteur cite seulement le nom de son père ; mais à la fin du livre il mentionne son propre nom ainsi que ceux de son père, de son oncle et de son grand-père, qui tous paraissent avoir été de rigides observateurs de la loi. Son grand-père, le prêtre Kāshinātha, était un savant brahmane du Konkan. On dit que son oncle était savant en astronomie et en astrologie. Son père, Yajneshvar, quitta, tout jeune, le lieu de sa naissance, près de Ratnagiri dans le Konkan, pour aller étudier au séminaire de Pandharpur dans le Dekkan (voir note 1). Après avoir terminé ses études, il se maria ; mais le livre ne dit pas s’il eut d’autres enfants que notre auteur. Il était si profondément versé dans les écritures sacrées qu’on le considérait comme une incarnation de l’être Infini. Sur la fin de sa carrière il se fit ascète errant et mourut sur les bords de la rivière sacrée Bhima. Quel meilleur entourage qu’un oncle astronome et astrologue et un père initié dès ses premières années à tous les rites traditionnels des prêtres des temples orthodoxes pouvait-il avoir pour l’auteur d’un livre sur les rites indous qui ont tant de rapports avec les mouvements des corps célestes. Ce livre fut terminé, dit-on, en 1712 de l’ère de Shalivāhana (voir note 35 et 36). Quoique bien moderne il est devenu un des livres classiques les plus estimés des Indous orthodoxes, parce qu’on sait fort bien que les matières qu’il renferme ne sont pas d’origine moderne, mais bien la reproduction de passages extraits de nombreux ouvrages anciens sur les rites, ayant un caractère beaucoup plus confus (voir note 18). On le trouve chez tout Indou orthodoxe non seulement dans l’Inde occidentale, où il a d’abord été publié, mais aussi dans l’Inde tout entière. Dans la ville sainte de Bénarès même il a eu plusieurs éditions, et on le consulte chaque fois que les rites religieux doivent être accomplis.
  12. Ancien auteur de traités sur la religion.
  13. Tout est relatif. Ce qui paraît un modeste recueil de rites pour l’esprit indou de notre auteur, constitue pour le lecteur européen un ouvrage prolixe et volumineux de quelques 500 pages in-8°.