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APPENDICE


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Le Hvaétvadatha


Le Hvaêtvadatha, ou Khêtùk-das, désigne aujourd’hui chez les Parsis le mariage entre cousins. Il est rare qu’un Parsi prenne femme ailleurs que dans sa famille : épouser une cousine est la chose convenable et la chose normale.

Le mot hvaêtvadatha paraît cinq fois dans l’Avesta 1[1] : la version pehlvie transcrit le mot sans le traduire, de sorte qu’on serait réduit, pour en déterminer le sens précis, aux lumières incertaines de l’étymologie, s’il n’était naturel de reporter au mot dans le passé le sens qu’il a dans le présent. Mais le témoignage concordant des historiens classiques et musulmans d’une part et de la littérature pehlvie du haut moyen âge de l’autre, semblerait indiquer que le hvaêtvadatha, vanté et glorifié par l’Avesta, n’est point le mariage entre consanguins du second degré, mais l’union incestueuse entre ascendant et descendant ou entre frère et sœur.

  1. 1. Dans l’Âvesta le mot est en fait un adjectif et désigne, non le mariage consanguin, mais la personne qui le pratique : dans notre passage (Y. XII, 8), c’est une épithète de la Religion mazdéenne qui prêche ce mariage : ailleurs c’est une épithète du jeune fidèle qui le pratique (Yp. III, 3, 10 ; Gàh, IV, 8 ; Yt. XXIV, 17) ; dans un passage du Vendidad (VIII, 13, 35-36), il est parlé, dans le même sens, de l’homme hvaêtvadatha et de la femme hvaêtvadathi. Le mot étant clairement composé de deux substantifs hvaêtva et datha, on conçoit qu’il puisse être soit composé de dépendance et substantif, soit composé possessif et adjectif. — hvaêtu-sh, p, khvêsh, signifiant « parent », hvaêtva-datha semble signifier littéralement « acte » ou « don de parenté », et « qui fait acte » ou « qui fait don de parenté ».