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tiers-état que le lugubre vêtement des hommes de loi. C’était déjà marquer une grande distance entre les représentans de la même nation ; mais la différence dans le cérémonial des réceptions les distinguait bien plus encore. En effet, pour le clergé comme pour la noblesse, les portes du cabinet du Roi sont ouvertes à deux battans, tandis que pour le tiers, un demi passage semble assez large pour recevoir cette multitude roturière admise à défiler devant l’auguste monarque, non pas toutefois sans avoir été long-temps pressée dans le vaste salon d’Hercule. Ces puérilités, qui ne sont rien aux yeux des hommes sages, étaient beaucoup à cette époque, car de ce moment on a pu juger quelle serait la conduite des ordres privilégiés à l’égard des communes ; peut-être même ces petites distinctions ont-elles décidé de la fermeté déployée par le tiers-état jusqu’à la réunion définitive des trois ordres en ASSEMBLÉE NATIONALE. Ainsi dès avant l’ouverture des états-généraux, les communes voyaient déjà les humiliations auxquelles elles allaient sans cesse se trouver en butte ; mais ce que l’étiquette avait voulu flétrir, le peuple l’honora, et le 4 mai on entendit le cri vraiment national : VIVE LE TIERS-ÉTAT !

Enfin le 5 mai, le Roi ouvrit les états-généraux par un discours dans lequel il manifesta les plus belles intentions pour le bien public. Parlant après le mo-