Se nomme l’indiscrétion.
Filles, qu’on dit être indiscrètes,
Soyez, soyez plutôt coquettes !
C’est sans doute un défaut qui cause le malheur
Et les vives peines du cœur
De tous ceux qui viennent se prendre
Dans votre astucieux filet ;
Mais ne vaut-il pas mieux avoir l’ame moins tendre,
Et savoir garder un secret ?
À Bagdad, car jamais en France,
Où si discret est ce sexe charmant,
De la vérité que j’avance
Je n’aurais pu trouver un exemple frappant ;
Donc à Bagdad, sous l’empire puissant
Du calife Haroum-al-Dimure,
Diafar, son premier visir,
Avec les dons du ciel, qu’il reçut sans mesure,
Jouissait encor du plaisir
D’être le père heureux de la jeune Azolie,
Des filles de Bagdad, en vertus, en beauté,
En talents, la plus accomplie ;
Et, si discrète elle eût été,
L’Orient se serait vanté
De posséder un vrai prodige !