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brun de la montaigne

CXLIII[1]

Ausi tost qu’il fu jors et que la nuit failli,
Li chevalier qui sont ou praël endormi
Se sont tout esveilliet, et les dames ausi.
Quant la se sont trové moult furent esmari ;
2525Mais plusours foys se sont amant ainsi norri,
Quant ce sont cuer loial amoureus et joli
Qui ainment par amour, bonne amour le[s] duit si
Que painnes et travaus lor sont a joie onni ;
Et ce sont li loial qu’amours gouverne ainsi,
2530Car noble dame n’eut onques loial ami
Qui n’a parfaitement les fais d’amour senti ;
Car vrais cuers amoureus a toudis biens en li,
Santant les biens d’amour en esperant merci,
Si qu’en lui prent tous jours voloir de vrai ami ;
2535Ainsi vit amoureus tout adès sans soussi.

CXLIV[2]

Ainsi jusqu’à matin par le vouloir d’amour
(f° 54)Furent li chevalier ou prael jusqu’au jour,
Et les dames ausi sans panser a folour,
Qu’i n’i eut onques nul qui pensast deshonnour ;
2540Et firent ou palais l’andemain leur retour,
C’onques n’i ouï on ne noisse ne clamour.
Or avint doucement que par l’amoureus tour
Que li frans chevaliers qui ot eu l’onnour
Si trouva une dame en .j. petit destour :
2545.IIII. foys la baissa et li requist s’amour
Trés amoureussement et en vraie douçour ;
Elle li otroia par l’amoureus labour,
C’onques el n’en cria ne fist noisse ne plour :

  1. — 2533. Corr. S’atent ?
  2. — 2543. eue. — 2546. douceur. — 2548. el, ms. en.