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Page:Anonyme - Brun de La Montaigne.djvu/79

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brun de la montaigne

XCVI[1]

1705— Seigneur, » ce dit Butor, se li vrais Diex m’avance,
« J’ai .j. fil dont je sui moult liés de sa naissance,
« Et si vouroie ja qu’il fust hors de l’enfance
« Et il m’eüst cousté tout quanque j’ai en France ;
« Car s’il avoit .x. ans, je vous jure et fïance
1710« Qu’il seroit chevaliers, se li vrais Diex m’avance,
« Ainz qu’il passast tiers jour, car g’i ai ma plaissance,
(v°)« Et si aroit au col l’escu avec la lance,
« Car je croy qu’il sera chevaliers de vaillance,
« Mais qu’il ait en lui sans et soit hors d’inorance,
1715« Car tout entiérement y ai mis ma creance.
« Or me souvient de lui et de sa gouvernance,
« Et j’en doi bien avoir parfaite souvenance ;
« Et n’i ait nul de vous qui soit point en doutance
« Que, s’il vit longuement, qu’il ne face grevance
1720« A ceus qui m’aront fait aucunne destorbance.

XCVII[2]

— Sire, vous dites voir, » ce respondi Bruians,
« Mais chascun de nous est plainement desirans
« Que vous soiés a nous vo plaissir demandans,
« Car je sui tous certains qu’il ert fais en brief tans,
1725« S[e] chascuns i devoit estre a plenté perdans.
« Mais commandés a nous, je vous en sui prians,
« Car d’acomplir vos gré ert chascuns entendans,
« Et je le sui ainsi parfaitement creans :
« Au mains premiérement mes cuers en est en grans,
1730« Et je croy bien ausi qu’autres i est tendans,
« Car vous estes en tout, sire, si souffissans

  1. — 1705. avence.
  2. — 1722. nous, ms. v. — 1723. vo, ms. vos.