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brun de la montaigne

« Que nus ne vous seroit, je croy, riens refussans
« Qu’en tous vos plaissirs faire il ne vous fust aidans.

XCVIII[1]

— Seigneur, » ce dit Butor, « et il me vient en gré,
1735« Puis que je voy chascun de bonne voulenté,
« Que chascuns ait demain bien le sien cors armé,
« Car il i a ceans des dames a plenté
« Si veil qu’il ait .j. pou d’estrupignis moustré,
(f° 38)« Demain bien trés matin, après soleil levé. »
1740Et quant li chevalier l’orent tout escouté
Si ont secréesment ou chastel murmuré,
Et si dient entr’eus : « Ci a bon viel barbé,
« C’est domage du temps qu’il a ainsi passé,
« Car en lui a du sens et d’onneur a plenté,
1745« Encore n’a ceans de lui plus aduré. »
Quant Bruians l’entendi si a avant passé,
Et li a dit : « Butor, je vous voy forsené
« Qui maintenant voulés c’om ait son cors armé :
« Il vous convient atendre avant .j. mois passé,
1750« Les joustes convendra avant avoir crié,
« Et si seront avant fait hourt [et] apresté ;
« Et quant hyraut aront par le pays esté,
« Et que li chevalier serront tout assemblé,
« Et que ma dame avra le sien cors relevé,
1755« Adont pourrés savoir qui miex iert esprouvé.
— Par ma foy, » dit Butor, « vous dites verité,
« Mais je dissoie ce que j’avoie en pensé. »

XCIX[2]

Par dedans la Montaigne ot moult belle assemblée,
Mainte dame i avoit qui fu de renommée,
1760Et qui estoit ausi si noblement parée

  1. — 1742. Ci, ms. si. — 1755. iert, ms. sera.
  2. — 1760. estoient... parées.