Titania, qui, pour être reine des fées, n’en a pas l’humeur plus égale. Oberon lui-même a d’étranges fantaisies. De là des démêlés dont les deux époux aériens ne sont pas seuls à souffrir. Sur la terre, les amants ressentent comme le contre-coup de leur désunion, « jusqu’à ce qu’enfin, comme le dit si bien M. Saint-Marc Girardin, la réconciliation d’Oberon et de Titania ramène la paix dans le mobile empire des airs et dans le mobile empire des amoureux »[1].
Nous pensons avec les critiques anglais que Shakespeare a tiré Oberon, pour se l’approprier, du roman de Huon de Bordeaux[2]. Il a connu ce roman par la traduction de Lord Berners ; il y a fait une allusion indirecte dans une autre de ses pièces : Beaucoup de bruit pour rien[3] ; c’est du moins ce que remarque un de ses commentateurs. Il a
- ↑ Chapitre déjà cité.
- ↑ Le dernier traducteur de Shakespeare, M. François-Victor Hugo, ne partage pas ce sentiment ; mais il est probable que, mieux renseigné sur l’histoire de notre poëme, il corrigera les erreurs qu’il ne peut manquer de reconnaître dans la note 6 de sa traduction du Songe d’une nuit d’été.
- ↑ Much ado about nothing, acte II, scène 1re, Benedick.
Will your grace command me any service to the world’s end ?
etc. Sur le passage qui commence ainsi, le commentateur anglais
a fait la remarque que nous répétons, et il a rapproché
de ce passage celui de la traduction de lord Berners où
Charlemagne impose à Huon les dures conditions de son
message à Babylone. (The plays of William Shakspeare,
vol. VI, p. 263. Basil, 1799. V. aussi Nathan Drake, Shakespeare
and his times, p. 273.)
Pareille allusion et plus transparente encore a été notée dans une comédie de Cartwright : The siege or love’s convert (1616). Voyez l’édition précitée de Shakespeare, même page.