Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/13

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ayons pris d’autre.

— On peint l’amour, un bandeau sur les yeux,
Car chacun sait que l’amour est aveugle !


fredonna la jeune fille, moitié riant, moitié chantant. Puis elle prit sa musique et se dirigea vers la porte.

Lui, se tenait debout dans un visible embarras, en piétinant nerveusement le parquet.

— Oh ! Ne vous en allez pas, sans m’expliquer ce que vous avez voulu dire, fit-il en lui prenant la main.

— Mais ne me demandiez-vous pas de chanter, il y a une minute ? Je crois que je suis bien dans l’expression de la romance ?

— Oui, mais votre paraphrase ? Que voulez-vous dire en changeant le texte ?

M. Halt, ce sont de ces choses qu’une femme laisse quelquefois deviner, mais qu’elle n’explique jamais.

— Hélène, accordez-moi de grâce, un moment : j’avais cru, j’avais osé espérer…

La jeune fille s’arrêta de nouveau, en regardant le parquet avec une expression indéfinissable. Mais il était écrit que M. Robert Halt ne finirait pas ce jour-là la phrase qui semblait lui coûter tant d’efforts.

La porte auprès de laquelle les deux jeunes gens étaient placés, s’ouvrit tout à coup : et un gamin, de la plus franche espèce de gamin des rues qui ait jamais été rencontrée sous le soleil, se précipita dans le salon comme un ouragan.

— Pardonnez-moi, s’écria subitement notre ami Joe, — car c’est lui qui venait de s’introduire si mal à propos, — pardonnez-moi. Peut-être préférez-vous que je revienne dans un autre moment.

— Puisque tu es entré, reste ici, mauvais petit garnement, répondit Robert avec un rire un peu forcé. « Mlle Marsy, permettez-moi de vous reconduire jusqu’à la porte. »

— Ne faites pas attention à moi, cria Joe qui venait de retrouver toute son effronterie.