Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/14

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— Qui est-ce ? demanda à voix basse Mlle Marsy.

— Oh ! un jeune gentleman mal vêtu, qui prétend que je lui ai sauvé la vie, dans une bagarre où sa peau était assez gravement compromise. Depuis ce jour-là, il a bien voulu m’honorer de sa protection, et il vient me faire des visites à tous moments, même aux plus mauvais moments.

— Il est assez déguenillé, dit elle en riant. Mais je m’enfuis ; je ne veux pas vous faire perdre votre temps.

Sa voix était devenue plus basse ; et elle se tint un moment la main sur le bouton de la porte, comme si elle hésitait à l’ouvrir.

— Quand vous reverrai-je ? demanda Robert.

— Mais dans huit jours, je présume, à moins qu’il n’arrive quelque chose d’extraordinaire.

— Il ne peut survenir aucun empêchement, reprit-il avec conviction. Si vous voulez, nous prendrons pour sujet d’études ma nouvelle romance.

— « L’amour ne veut pas attendre, » fredonna Mlle Marsy en rougissant de nouveau. Bonsoir, monsieur, fit-elle en ouvrant la porte ; et elle descendit rapidement les marches qui conduisaient à la rue.

— La peste soit du gamin ! murmura Robert en rentrant dans le salon. Je l’aurais supprimé bien volontiers.

Et maintenant, M. Joe, je ne serais pas fâché de savoir qui vous a permis d’entrer dans ce salon sans en être prié.

— C’est une question que vous feriez mieux de poser à votre femme de ménage. Elle m’a dit que vous étiez là. J’ai pris cela pour invitation à me faire voir.

— À l’avenir, tu voudras bien frapper ayant de pénétrer dans mes appartements, reprit Robert avec un mouvement d’impatience. Qu’est-ce qui t’amène aujourd’hui ?

— Vous pensez bien que si j’avais su que vous étiez en conversation avec cette jolie fille, je sais trop ce que la discrétion