Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/16

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— Par le ciel, qui est-ce qui a pu te parler de cela ? reprit M. Halt qui ne put retenir un vif mouvement de surprise.

— Tout cela est écrit dans votre main, affirma Joe ; mais croyez-moi, si vous allez à Trois-Rivières, prenez garde aux cheveux rouges. Si quelque individu de cette couleur cherche à vous parler, ne lui répondez pas et enfuyez-vous sans retourner en arrière. Il y a une conspiration dans l’air.

— Qu’est-ce que tu nous racontes là ? dit M. Halt, en retirant sa main. Ce sont des niaiseries de l’autre monde. Qu’est-ce que tu veux dire ?

— Vous feriez mieux de ne pas aller à Trois-Rivières. Voilà ce que je veux dire.

— Je ne pense pas que tu aies la prétention de me faire régler ma conduite sur les conseils de ta sorcellerie ?

— Je vous dis que le danger est là, répéta Joe avec conviction. Il y a là un homme à cheveux roux. Je ne peux pas vous en dire d’avantage. Prenez garde à lui. Il y a quelque chose de machiné contre vous. S’il demande à vous parler, ne l’écoutez pas, et ne le laissez pas se montrer en public à côté de vous.

— Qu’est-ce qu’il y a, Joe ? Qu’est-ce que tu sais ? demanda M. Halt, plus impressionné qu’il ne voulait en avoir l’air par le ton sérieux du gamin.

— Je ne sais qu’une partie ce que je voudrais savoir, répondit Joe. Je sais seulement que vous avez le diable à vos trousses et qu’on a l’œil sur vous. Il y a des gens qui veulent se jouer de vous et peut-être pire.

— Tu es un singulier garçon, Joe. Allons, je te promets de veiller aux hommes rouges. Maintenant si tu n’as plus rien à me dire, je suis un peu pressé.

— C’est correct, fit Joe en s’avançant vers la fenêtre et en regardant attentivement la rue. Est-ce que vous n’avez pas une porte de sortie par derrière ?