Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/17

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— Oui, il y en a une. Pourquoi cela ?

— Parce que j’aperçois, dans la rue, des yeux qui n’ont pas besoin de me voir sortir d’ici. Saviez-vous qu’il y eut des mouches autour de votre palais ?

— Des mouches. Qu’est-ce que cela ?

— Je veux dire que la maison est espionnée, répliqua mystérieusement Joe. Il y a là des yeux dont vous ne vous débarrasserez pas facilement. Je ne peux rien dire de plus. Mais prenez garde à vous. La voix du gamin devint basse et presque sourde. Quoiqu’il arrive, si vous avez de l’affection pour moi, ne répétez jamais que c’est moi qui vous ai prévenu. Si vous avez besoin de moi, envoyez-moi chercher. Je serai toujours prêt à répondre à votre appel.

— Merci, Joe, dit en riant M. Halt, j’aurai confiance dans tes prophéties, et je me garderai de tous les hommes rouges. Par ici, voilà ton chemin.

Deux minutes plus tard, Joe sortait par une porte de derrière, donnant sur une allée qui conduisait à un terrain vague.

Peu de temps après, M. Robert Halt ouvrit tranquillement sa porte, descendit dans la rue et se dirigea vers l’intérieur de la ville.

Il avait jeté autour de lui un rapide regard. Mais il n’avait rien vu qu’un homme trapu dont la mine n’offrait rien de suspect, et qui fumait tranquillement une pipe d’écume de mer, en s’appuyant pour se reposer, contre un bec de gaz.


CHAPITRE III

JOE ENTRE EN CAMPAGNE


Deux individus, qui avaient pris pension depuis quelque temps déjà à l’hôtel Richelieu, étaient assis dans leur chambre, dont la fenêtre donnait sur la place Jacques-Cartier. Ils paraissaient engagés dans une discussion fort intéressante.

L’un des deux était un gros homme, fortement construit, à la figure rubiconde. Il était nonchalamment assis sur une berceuse, les jambes en l’air et les pieds posés sur le rebord de la fenêtre. Son compagnon formait avec lui un parfait contraste. C’était un petit homme, maigre, d’apparence délicate, d’un