Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/20

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garnement sait aussi la besogne que nous faisons ici, et il a eu le toupet de me dire que nous n’avions rien trouvé jusqu’à présent, et qu’il s’offrait pour dix piastres à me mettre sur la bonne trace. Je lui aurais plus volontiers donné dix coups de canne ! C’est égal ! On ne m’avait pas encore dit que je portasse écrit sur la figure, mon métier et les particularités bonnes ou mauvaises de mes recherches.

Jack Parry n’était pas encore au milieu de sa phrase que Harrison s’était soudainement levé, en l’écoutant avec une vive attention.

— Je ne savais pas, Jack, que vous eussiez autant de peur de dépenser dix piastres.

— Vous pensez bien que ce n’était pas pour l’argent.

— Ah ! C’est que cela en avait diablement l’air, répondit Harrison d’un ton de mauvaise humeur. Il faut que vous fussiez hors de votre sang-froid. Sans cela, vous n’auriez pas fait fi des propositions de ce jeune homme.

— Je pourrais peut-être le rattraper, murmura Jack, avec l’humilité d’un homme qui se rend compte qu’il vient de faire une grosse sottise.

— Vous auriez mieux fait de ne pas le lâcher, répondit sèchement Harrison. Ce sont des affaires qui demandent à être saisies au vol.

À ce moment, Jack Parry s’avança vivement vers la fenêtre et parut regarder quelque chose de très intéressant.

— Je ne me trompe pas, s’écria-t-il, c’est bien lui !

— Qui ? Votre jeune homme ?

— Oui, je vais le chercher.

— Attendez, attendez, dit Harrison. Le gamin vient de lever la tête et vous a certainement reconnu. Si c’est nous qu’il cherche, il nous trouvera bien tout seul.

— C’est bien, fit Jack. Moi je m’en lave les mains. Vous tripoterez le gamin tout à votre aise. Je vous laisse la direction de l’affaire.