Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/22

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— Voilà un gamin qui a de l’effronterie à revendre, pensa Jack Parry, qui n’avait jamais eu grande confiance dans le concours de notre ami et qui assistait à cette scène avec une indifférence grondeuse.

— Allons, mon garçon, dit jovialement Harrison ; maintenant que te voilà à l’aise, dis nous l’affaire qui t’amène.

— Pour vous l’expliquer en détail, il faut vous dire d’abord que j’ai une agence à moi et que je travaille pour mon propre compte, affirma Joe avec une assurance tout à fait comique. Je poursuis en ce moment une bande de contrefacteurs, dont vous avez peut-être entendu parler, et dont il m’est venu l’idée de m’occuper, quand j’ai vu que ni Fahey ni le service secret n’étaient capables d’arriver à rien de bien.

— Qu’est-ce que tu sais sur cette affaire ? demanda Harrison, tellement surpris que les jambes lui en tombèrent et que ses pieds sautèrent de la fenêtre sur le parquet.

— Je sais que Thomas Harrison et Jack Parry, deux détectives envoyés tout exprès d’Ottawa, ont mis leur nez dans tous les coins depuis trois mois et sont revenus bredouilles. Je sais que Gédéon Lafortune et ses gens se flattent, depuis deux jours, d’avoir remisé le gibier et qu’ils travaillent sur une mécanique dont je donnerais pas dix cents. Et finalement, j’ai la notion, que je sais une ouverture qui n’est connue de personne autre que moi et qui peut seule mettre sur la bonne piste.

— Voyons un peu ton ouverture.

— Je vous prie de me regarder avec attention, M. Harrison. Vous vous convaincrez que je ne suis pas de l’espèce de ceux qui abattent des noix pour le compte du voisin.

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

— Je veux dire, reprit Joe, que je sais ce que je vaux. Je sais qu’il s’agit d’une affaire d’or et je veux y être pour ma part. Vous ne pensez pas que j’aie envie d’occuper mon temps et de compromettre ma santé, dans un travail dont le profit serait pour d’autres. Je suis jeune, M. Harrison, et j’ai ma fortune à faire. Je me sens une foule d’aspirations pour la vie