Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/24

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En prononçant ces derniers mots, Joe se leva de son fauteuil et boutonna un bouton de son paletot, comme il avait l’habitude de le faire, chaque fois qu’il traitait une affaire.

— Il est bien entendu, dit-il, que si nous faisons marché ensemble, je veux être admis à part égale dans tous les bénéfices directs ou indirects. Cela va-t-il ? Touchez là. Sinon il n’y a rien de fait et ce n’est pas la peine de perdre nos paroles.

— Hein ! c’est le point qui te démange, mon camarade ? fit Harrison en riant joyeusement. Viens-là et topons. Je ne sais pourquoi, je me figure que tu as flairé quelque chose dans les bons coins. Je crois que je ne risque vraiment rien, en plaçant dix piastres, sur la garantie de ton crédit personnel.

Et Harrison tira de son portefeuille un billet qu’il tendit au gamin.

Joe tourna et retourna plusieurs fois le billet, en le regardant avec l’œil d’un connaisseur.

— Est-ce que tu as peur qu’il ne soit mauvais ? demanda gaiement Harrison.

— Non, mais j’aime toujours mieux m’assurer qu’il ne fait pas partie de la nouvelle émission. La prudence est mère de sûreté, voyez-vous, et malgré mon respect pour la police, je suis une trop vieille pratique pour négliger les précautions.

Harrison continua à rire, avec une bonne humeur qui n’était nullement partagée par M. Jack Parry.

— Vois-tu, mon garçon, j’ai l’œil pour reconnaître l’honnêteté sur les figures. C’est une partie de mon métier. Je reconnais aussi les vrais limiers, car je ne voudrais pas placer mon argent sur ton honnêteté seule ; et je crois que j’irais bien jusqu’à un cinquante piastres, sur la chance de te voir arriver au but.

— Il ne faut jurer de rien, reprit Joe avec modestie. Vous pourrez perdre votre argent comme vous pourrez gagner le