Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/28

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À ce moment, cinq heures de l’après-midi sonnaient à l’horloge de l’hôtel de ville.

— Allons fit Joe, voilà toujours un commencement ! Je crois, maintenant, qu’il ne me reste qu’à finir ma journée, en allant surveiller ce qui se passe, un peu, du côté de la belle fille aux yeux bleus, qui aime tant les leçons de musique !

Et Joe se dirigea tout droit vers une élégante maison de la rue Dorchester, en face de laquelle il se promena de long en large, jusqu’à la tombée de la nuit, sans perdre de vue la porte d’entrée.

Pendant ce temps-là, il semblait prendre infiniment plaisir à un exercice qui consistait à tirer de sa poche, puis à y remettre, toutes les cinq minutes, une vieille enveloppe déchirée, qu’il contemplait chaque fois avec une nouvelle satisfaction.

— Il y a une fortune, là-dedans, se répétait-il à maintes reprises. Ce morceau de papier est une pièce de conviction, que M. Harrison aurait payée un plus de cinquante piastres. Mais patience ; ce n’est que le commencement de la piste.

Joe avait d’ailleurs un autre sujet de méditations joyeuses, dans la pensée du bon marché qu’il avait fait avec le vieux Juif, et du costume élégant qui ne lui avait coûté que deux piastres à échanger contre son vieux paletot en loques.

— C’est bien cela ! continuait-il, en entremêlant avec ses exclamations de bonne humeur toute une suite de pensées, beaucoup plus sérieuses qu’on ne l’eut supposé, à regarder son âge et sa figure. — C’est bien cela ! La dénonciation vient d’un ennemi, probablement d’un jaloux. Mon oncle dit toujours qu’il faut chercher la femme, moi je cherche le « cavalier ; » et, foi de Briquet, je le trouverai, dussé-je prendre racine, en face de cette porte !