Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/30

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but ? d’ailleurs j’ai eu beau regarder je n’ai aperçu aucune figure suspecte.

En poursuivant le cours de ses réflexions, M. Hait descendit la rue St Denis et tourna par la rue Craig, pour se rendre à la gare du Pacifique : il demanda un billet pour Trois-Rivières et monta dans un wagon de fumeurs.

Il avait bien aperçu, sur le quai du chemin de fer, un gros homme trappu, avec une pipe d’écume de mer à la bouche, et pendant une seconde, il avait eu une vague idée d’avoir déjà vu cette figure quelque part ; mais il n’y avait pas fait autrement attention. L’homme à la pipe monta d’ailleurs tranquillement dans un autre wagon et ne parut pas avoir aperçu M. Halt, ni avoir la moindre raison de s’intéresser à lui.

Si M. Halt, au lieu de s’asseoir sur une banquette, avait eu l’idée de se promener à travers les chars et d’examiner ses compagnons de voyage ; il eut été fort étonné d’apercevoir, à l’autre extrémité du train, notre ami Joe, qui avait pris, lui aussi, son billet pour Trois-Rivières. Mais M. Halt ne s’aperçut de rien. Il était occupé à lire ou plutôt à relire, en pesant chaque mot, une lettre qu’il venait de tirer de son portefeuille, et qui était ainsi conçue :

Si vous voulez apprendre quelque chose qui vous intéresse grandement, veuillez vous trouver à Trois-Rivières, mercredi prochain, entre 6 et 7 heures du soir. L’ami inconnu qui vous écrit vous attendra sur le bord de l’eau, au coin de la rue Des Forges. Vous le reconnaîtrez à une branche de résèda qu’il portera à sa boutonnière, et il est prêt à vous donner des renseignements sur le mystère de votre naissance.

Un ami.

— Est-il bien sûr que ce soit un ami ? se demanda M. Halt avec incertitude. Je ne puis laisser échapper l’occasion vraie ou fausse qui m’est offerte de percer le mystère qui enveloppe ma destinée. Mais il faudra agir prudemment. Cet homme qui ne dit pas son nom et qui paraît se cacher ne m’inspire guère de confiance. On ne sait jamais pour le compte