Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/46

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mon Sly. Mais au moment où il allait aborder le vieux Juif, il fut arrêté par un incident inattendu.

Le revendeur était engagé dans une conversation sérieuse avec un jeune homme élégamment vêtu, et à sa grande surprise, Joe reconnut que ce jeune homme n’était autre que celui qui demeurait rue Cadieux et qui avait rendu visite, ce jour là même, à Mlle Marsy.

— Je les ai mis en place, disait le Juif. Il faudrait qu’ils fussent aveugles pour ne pas tomber dessus du premier coup. Vous pouvez vous en fier à moi.

Ici, Joe qui avait parfaitement saisi ces derniers mots, crut nécessaire de révéler sa présence par un appel au marchand.

L’inconnu leva la tête, et voyant qu’ils n’étaient plus seuls, il dit à Salomon comme s’il s’agissait de la fin d’une phrase commencée : « C’est bien ; envoyez-moi ces vêtements ce soir même : je suis-très pressé » et il sortit.

— Il me semble que je connais ce monsieur là, dit Joe d’un ton indifférent. Comment s’appelle-t-il donc ?

M. Turner, répondit tranquillement le Juif.

— Est-ce qu’il est dans les affaires ?

— Oui. il tient un bureau rue St-Jacques. Mais qu’est-ce que me veut aujourd’hui mon jeune ami ?

— Examinez ce vêtement, fit Joe ; et demandez-vous comment je serais fait si les épingles n’avaient réparé une partie de l’avarie.

— Vous avez dû faire quelque travail de force, exclama le Juif en levant les bras au ciel. Aussi, c’est votre faute. Je vous avais prévenu qu’il était trop étroit.

— Vous êtes un infernal menteur, repartit Joe, et je ne m’en irai pas avant que vous ne m’ayiez remplacé cette guenille.

Le Juif semblait disposé à un accommodement, et à la suite d’une longue scène de marchandage, Joe sortit de la boutique, avec un vêtement sans déchirure sur le dos, et une piastre de