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Préface.

Charlemagne du crime dont sa fille est accusée, se refuse avec indignation à la croire coupable : « Non, dit-il, ma fille n’a pu commettre un tel péché... et avec un nain encore ! » Cette invraisemblance le révolte.

Le grotesque, sinon l’odieux de la combinaison, disparaît dans deux poëmes postérieurs où elle est de nouveau mise en œuvre : le poëme de Florent et Octavien[1] et celui de Doon de la Roche[2]. Dans le premier, c’est un varlet ; dans le second, c’est un garçon qui joue le rôle du nain. Mais on assiste toujours à cette scène grossière, tandis que dans le poëme anglais de sir Triamour un goût plus délicat l’a mise en récit, substituant d’ailleurs, comme on l’a vu ci-dessus, un chevalier inconnu aux personnages ignobles qui figurent dans les trois chansons françaises[3]. Parmi les ressorts que notre poëte a mis en jeu pour le mouvement de sa composition, il en est un singulier qu’il n’a pas créé sans doute,

  1. C’est un poëme encore inédit, en vers alexandrins, que je crois du XIVe siècle, et dont on connaît quatre manuscrits, conservés trois à Paris, à la Bibliothèque impériale, et le quatrième à la Bibliothèque Bodléienne d’Oxford.
  2. Poëme inédit en vers alexandrins, qui me paraît du XIIIe siècle, et dont le manuscrit unique est au Musée britannique (Manuscrit Harléien, 4404).
  3. L’auteur de Sir Triamour n’a pas imité seulement notre poëme ; il s’est inspiré aussi de celui de Florent et Octavien. Son Aradas, roi d’Aragon, qui regrette si fort de n’avoir point d’enfants, est dans la même situation qu’Octavien :

    Dolans fu l’emperere qui moult fist à prisier
    Qu’avoir ne poet enfans de sa gente moullier.