Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/112

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Préface.

nifestement copié sur un modèle français, mais copié à la façon du compilateur. Le voilà donc, lui aussi, cet Italien auquel j’emprunte le texte de Macaire, qui en use, au moins une fois, comme ses pareils, comme ses compatriotes les éditeurs des chansons de Roland, d’Aspremont, de Gui de Nanteuil, d’Anséis de Carthage, etc. Il n’est pas impossible sans doute qu’il en ait usé autrement pour le reste de sa compilation, et en particulier pour le poëme de Macaire ; mais n’a-t-on pas aussi quelque raison de croire à priori qu’il a dû suivre jusqu’au bout la même méthode, et qu’après avoir copié le premier récit de son recueil, il n’a probablement pas inventé le dernier ? Et pourquoi l’aurait-il inventé, quand il pouvait le trouver tout fait, aussi bien que Beuve d’Hanstone ?

Il est vrai que dans le temps même où je reconnaissais à Venise l’existence du poëme de Macaire, M. Léon Gautier y analysait une longue chanson de geste qu’il a mise en lumière[1] et qui, au moins pour la forme, pour l’agencement des matériaux, est l’œuvre d’un Italien, Nicolas de Padoue. De là une objection dont je ne pouvais manquer de tenir compte, et qui paraît diminuer la vraisemblance de mon hypothèse. Elle la diminuerait, en effet, s’il y avait parité dans les deux cas, mais bien s’en faut qu’il en soit ainsi.

L’Entrée en Espagne (c’est le titre que M. Gautier a donné à la composition de Nicolas de Padoue) se rattache sans doute à une partie im-

  1. Bibliothèque de l’École des Chartes, 4e série, t. IV.