Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/113

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Préface.

portante du cycle carlovingien, mais sans correspondre nommément à aucun poëme connu. Tout au contraire, on reconnaît au premier coup d’œil dans la chanson de Macaire celle de la Reine Sibile, celle d’où est sortie l’histoire du chien de Montargis : première différence.

En second lieu, l’auteur de l’Entrée en Espagne nous fait savoir et son nom et son pays, nous indique les sources où il a puisé une bonne part de son récit, et, pour le reste, se vante d’avoir volé de ses propres ailes. Rien de semblable ni dans Macaire ni dans toute la compilation à laquelle ce poëme se rattache si mal.

Enfin, l’Entrée en Espagne est du XIVe siècle, à n’en pas douter, et, comme l’a très-bien fait remarquer M. Léon Gautier, c’est une œuvre tout à fait analogue à celle de Girard d’Amiens. Même forme, même mètre, même caractère de la narration. Quoi de pareil dans Macaire ? Tout y révèle une composition d’une date bien antérieure et d’un bien autre ordre.

Mais quand on ne pourrait signaler des différences aussi tranchées entre les deux ouvrages, encore resterait-il dix raisons contre une, dix présomptions, si l’on veut, en faveur de la solution qui me semble la meilleure, puisqu’au cas particulier qu’offre l’Entrée en Espagne, on en peut opposer dix autres où les Italiens n’ont été que des copistes.

Je ne devais pas me presser, cependant, de conclure sur des arguments aussi généraux. À tout prendre, Nicolas de Padoue n’était pas peut-être le seul Italien qui se fût avisé de rimer en français. Il y avait donc lieu d’y regarder de