Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/129

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Préface.

Cela posé, je tire ma conclusion.

Puisque les poëmes modérément italianisés, comme celui d’Aspremont et d’Anséis de Carthage, fourmillent de barbarismes, de solécismes, de termes purement italiens, de rimes inadmissibles, etc., encore qu’ils aient eu pour types des textes en français pur, si l’on trouve une composition comme la chanson de Macaire, dont le langage aussi laisse tout à désirer et de la même manière, sera-t-on admis à tirer argument de cette incorrection, de cette grossièreté de forme, pour soutenir que c’est un original et non une copie ? Poser la question, c’est y répondre. Ne parlons donc plus de la barbarie de langage de notre poëme ; car, non-seulement elle ne renverse pas ma thèse, mais même elle la soutient, du moment où elle se montre inégale, du moment où elle éclate, pour ainsi dire, dans telle tirade plutôt que dans telle autre, dans tel vers plus que dans celui qui le suit ou le précède.

Il faut bien d’ailleurs, si je puis ainsi m’exprimer, que la chanson de Macaire soit écrite dans un langage barbare, sans quoi il n’y aurait point de problème à résoudre. Si l’Italien qui nous l’a transmise avait suivi pas à pas le modèle que je lui suppose, au lieu de s’en éloigner parfois et beaucoup, comme il l’a fait, je n’aurais rien à démontrer, et je pourrais me contenter d’une simple affirmation.

Cet argument mis de côté, aucune autre objection grave ne fait-elle obstacle à ma supposition ? Peut-être. Le nom de l’héroïne du poëme m’a un instant arrêté. On sait que dans la version analysée par Albéric de Trois-Fontaines la