Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/159

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mais personne ne dit mot. Tous fléchissent, tous s’inclinent devant la puissance du traître. P. 83-85.

Seul le duc Naimes prend la parole : « Noble roi, dit-il, je vois bien où en sont tous les barons ici assemblés. C’est la peur qui les fait reculer ; ils redoutent la puissance des traîtres. Pour moi, voici ce que je pense. D’un côté, il n’est personne qui ose s’attaquer à la race de Mayence, ni entrer en lice contre elle. Tous ceux de cette race sont si honorés, si bien apparentés en Allemagne ! D’autre part, désarmer la justice serait un grand péché. Que faire donc ? Si l’on m’en croit, et nul ne me blâmera, je pense que Macaire, l’accusé, revêtu seulement d’un bliaut, soit armé d’un bâton long comme le bras ; qu’une lice soit faite sur la place, et qu’on l’y mette aux prises avec le chien d’Aubri, son accusateur. S’il est vainqueur du chien, il sera remis en liberté ; mais s’il succombe, il sera condamné à mort comme un traître et un méchant renégat. » Ainsi parle le duc Naimes, et personne au conseil n’est d’un autre avis. Chacun l’approuve, y compris le roi. Les parents même de Macaire acceptent avec joie cette épreuve, tant ils sont loin de croire qu’il puisse être vaincu et maté par un chien. P. 85-87.

Charlemagne fait donc dresser sans retard sur la place, devant le donjon, une palissade bien close de toutes parts. Puis il fait annoncer par un ban que quiconque l’oserait franchir serait pendu sans merci comme un larron : sa volonté est qu’on assiste à la bataille en paix et sans noise. Bientôt Macaire, sans autre vêtement qu’un bliaut, sans autre arme qu’un