Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
clvj
Sommaire.

rocher ; je ne vous abandonnerai de ma vie. Suivez-moi jusqu’à mon logis, ici près, où j’ai ma femme et deux beaux enfants. Je prendrai congé d’eux et nous nous mettrons en route. — À votre volonté, » dit la reine. Tous deux s’en vont de compagnie jusqu’à la maison du bûcheron. P. 107-111.

Arrivé chez lui, Varocher dépose son fardeau et dit à sa femme : « Ne m’attends pas avant un grand mois. — Et où vas-tu ? lui demande-t-elle. — À la grâce de Dieu, répond Varocher, je ne puis t’en dire davantage, » En même temps il se munit d’un gros bâton noueux. Varocher était grand, gros, carré, membru, avec une grosse tête ébouriffée : l’homme le plus étrange qui se pût voir. Il se met en route. La reine le suit. Ils traversent la France, la Provence, toute la Lombardie, et arrivent à Venise. Là ils s’embarquent et passent la mer. Personne ne voit Varocher sans le regarder et sans rire derrière lui. À force de voyager par monts et par vaux, ils parviennent en Hongrie et descendent chez un bon hôte, nommé Primerain, qui avait deux filles très-belles, une femme très-sage et très-bonne, et qui était lui-même un homme de beaucoup de sens, fort connu et prisé des grands et des petits. À voir Varocher avec son gros bâton noueux et sa tête si chevelue, l’hôte, comme tout le monde, le prend pour un insensé. Il lui demande d’où il vient : « D’au delà des monts, répond Varocher, et c’est ma femme qui me suit. » P. 111-115.

L’hôte veut que la dame soit bien servie. L’hôtesse en a grand soin et lui donne tout ce qu’elle désire. Elle la voit enceinte et n’en est que mieux disposée.