Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/178

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Sommaire.

truand, et qu’il a tout l’air d’un noble chevalier. Il voit bientôt se réunir à lui un millier de compagnons, âpres au gain, qui le reconnaissent pour chef et lui jurent de le servir loyalement. Varocher les tiendra quittes de sa part de butin, il les en prévient ; mais il veut qu’ils se montrent bien, et dès le lendemain matin il leur en fournira l’occasion. Ils iront au camp de Charlemagne, et là ils trouveront de quoi enrichir tous leurs parents : or, argent, destriers, palefrois, mulets ; aucune proie ne leur manquera. P. 215-219.

En effet, ils montent à cheval avant l’aube, et, par un chemin détourné qui les conduit près de la ville, ils s’introduisent dans le camp de Charlemagne, en criant comme le guet quand il fait sa ronde par les champs. Les Français les entendent, croient qu’ils sont des leurs, et les laissent ainsi pénétrer dans les tentes de Charlemagne et de ses chevaliers. Là, ils prennent tout ce qui leur agrée, changent leurs mauvais chevaux pour de bons, enlèvent les armures, les vêtements, l’or et l’argent, de façon que tel qui s’était endormi riche se réveille pauvre le matin. Après cet exploit, Varocher et ses compagnons s’en reviennent à leur camp chargés de butin. Et chacun de se demander : « Où sont-ils allés prendre toutes ces richesses ? — Dans un lieu où il en reste encore, » dit Varocher. Cette réponse lui vaut plus de deux mille nouveaux compagnons, qu’il ne refuse pas. Varocher donne sa part de butin à l’empereur, à Blanchefleur et à son jeune fils. Mais la reine de France n’en déplore pas moins ce pillage : c’est son bien, pense-t-elle, que se partagent ainsi des maraudeurs qui ne l’ont pas gagné.