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xviij
Préface.

financière, mais s’y montra un peu enclin à l’exaction. Qu’on en juge :

Maquaires se parti o ceulx de sa partie
Et vint droit à Nanteul ung peu devant complie ;
Et sa commission, c’on lui avoit baillie
De par le roy Charlon, monstra la baronnye :
Qu’il estoit establis, par droite commandie
De l’empereur Charlon que Jhesus benéye,
C’on obéisse à lui sans faire villenye ;
Et qui lui mefferoit la monte d’une aillie,
Le roy lui donnoit force qu’i lui tollist la vie.
Charles estoit doubtés jusques en Romenye :
Nul n’ose reffuser n’à lui n’à sa mesnye ;
Maquaire demoura en ceste seignorie.
Tel coustume alleva, ains l’année acomplie,
De quoy en la cité fut la gent sy honnye
Que d’un seul huis ouvrir qui stiet sur la chaussie
Paioit on .vi. deniers la sepmaine acomplie ;
D’une fenestre ouvrir paioit on la moitie.
Qui sur couste gisoit où plume feust mussie,
Il paioit .vi. deniers, pour voir le vous affye,
S’il n’estoit gentilz homs et de chevallerie.
De .xx. sous marchander autant, quoy que nulz die ;
D’un chappon, .ii. deniers ; de my lot de boullie
Paioit on une maille, c’estoit chose taillie.
La cité de Nanteul fut adont bien honnye ;
Car Maquaire li gloux, qui l’avoit asservye,
Envoyoit chascun an par coustume assentie
Tant d’avoir Kallemaine de ceste roberie
Que le roy emplissoit en sa grant tresorie.
Cest ystoire n’est pas faicte de gaberie,
Ains est de verité par cronique fournye [1].

J’appelle sur ce passage l’attention des finan-

  1. Fol. 17.