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Préface.

On sait qu’à les entendre les auteurs de nos anciennes chansons de geste n’étaient rien moins que des historiens. Cette prétention, toujours affichée, trouvait créance dans la société laïque, et plus d’un clerc même s’y laissa prendre. Il y en eut sans doute comme Alberic de Trois-Fontaines qui n’enregistrèrent point avec une crédulité trop facile toutes les inventions des prétendus historiens ; mais Alberic lui aussi, malgré ses réserves, ne paraît-il pas en accepter au moins une partie ? Parmi les chroniqueurs qui ont puisé à cette source poétique, et sans témoigner aucune méfiance, nous en trouvons un qui pour écrire les règnes de Charlemagne et de Louis le Débonnaire a pris à pleines mains ses matériaux dans la plupart des chansons de geste. Il n’a pas oublié la nôtre, qu’il abrége, dit-il, mais à regret ; car l’istoire en est belle à oyr là où elle est au lonc. Il la connaît donc tout entière, et on le voit bien d’ailleurs, puisqu’il en rappelle les principaux traits et en nomme les personnages importants : la reine Sibile, Macaire, le nain, Aubri de Montdidier et le bûcheron Varocher, qui sous sa plume sans doute picarde devient Verroquier[1].

Où a-t-il pris que dans son duel contre Macaire le chien n’avoit pour toutes armeures que une queue ou tonnel trouée par les deux bouts ? Probablement dans la version en vers alexandrins de notre poëme. En tout cas, voilà la première mention que l’on rencontre de ce tonneau qui se

  1. Voyez l’Appendice, sous le n° III, p. 315-317.