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xxiv
Préface.

présentaient le duel de Macaire et du chien, et cela en termes exprès : Feray ore un conte d’un levrier qui fu d’Auberi de Montdidier, lequel vous trouverez en France paint en moult de lieux.

Rien de particulier d’ailleurs dans le récit de Gaston Phébus, si ce n’est l’épreuve dont le roi s’avise pour éclaircir ses soupçons à l’endroit de Macaire : Fist prendre à Machaire une piesce de char et la li fist donner au levrier. Et tantost que le levrier vit Machaire, il laissa la char et courut sus à Machaire.

Très peu de temps après la mort du comte de Foix[1], l’auteur du Menagier de Paris donne place dans son curieux livre à la même anecdote. Ce bon bourgeois veut que les femmes soient amoureuses de leurs maris, et il n’est sorte d’argument qu’il n’emploie pour les y induire. Bêtes et gens servent également à son louable dessein, et tout exemple de fidélité et d’affection lui paraît bon à recueillir à l’appui de sa thèse :

Autre exemple, dit-il, peut estre prins du chien Maquaire qui vit tuer son maistre dedans un bois, et depuis qu’il fut mort ne le laissa, mais couchoit ou bois emprès luy qui estoit mort, et alloit de jour querre son vivre loin et l’apportoit en sa gueule, et illec retournoit sans menger, mais couchoit, buvoit et mengoit emprès le corps, et gardoit icelluy corps de son maistre au bois, tout mort. Depuis, icelluy

  1. C’est-à-dire entre juin 1392 et septembre 1394, comme l’a établi le savant éditeur du Menagier, M. J. Pichon.