chien se combati et assailli plusieurs fois celluy qui son maistre avait tué, et toutes fois qu’il le trouvoit l’assailloit et se combatoit ; et en la parfin le desconfi ou champs en l’Isle Nostre Dame à Paris, et encore y sont les traces des lices qui furent faites pour le chien et pour le champ[1].
C’était sans doute de mémoire que l’auteur du Menagier rapportait ainsi l’histoire du chien d’Aubri, puisqu’il paraît donner à ce chien le nom du meurtrier de son maître[2]. À cela près, les souvenirs du prudhomme sont assez exacts ; mais tout l’intérêt, toute la nouveauté de son témoignage est dans le trait final, dans ces lices dont il signale les traces encore visibles.
Une preuve tout aussi décisive non du duel, mais du meurtre qui y donna lieu, se trouve déjà dans le récit du chroniqueur anonyme mentionné ci-dessus. Aubri de Montdidier fut, dit-il, occis en ung bois en l’Ille de France, ou boys de Bondis. Sur quoi il ajoute : Et encore y est la fontaine Aubery.
C’est à la critique bouffonne qu’il appartient de faire justice de ce genre de preuve, et elle n’y a pas manqué. La critique sérieuse a fait remarquer ici que les lices dont parle l’auteur du Menagier pouvaient bien provenir de la grande fête qui fut donnée en l’île à la Pentecôte de 1313,