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Préface.

Tesmoing celluy qui combatit Maquaire ;
Ce fut combat de merveilleuse grace[1].

La brièveté de cette allusion prouve qu’au temps de Cretin l’histoire était de toute notoriété, puisque deux mots suffisaient pour en réveiller le souvenir. Mais le témoignage d’un poëte n’était pas de nature à la rendre plus croyable. Bien au contraire, celui d’un grand érudit, d’un critique aussi sévère que Jules Scaliger, devait lui imprimer un cachet d’authenticité fait pour commander la confiance. Ce témoignage ne lui manqua pas. « Loin de former quelque doute, dit Bullet[2], sur la vérité de l’histoire, Scaliger la rapporte comme une preuve éclatante de la fidélité et de l’attachement des chiens à leurs maîtres, » et cela avec sa plus belle latinité, avec le plus grand sérieux du monde, avec une admiration qui va presque jusqu’à l’enthousiasme. En effet, pour perpétuer la mémoire d’un pareil trait, la peinture lui paraît insuffisante ; il voudrait que le chien d’Aubri fût coulé en bronze. Picta est canis historia in cænaculo quodam regio. Pictura, vetustate dilutior atque obscurior facta, regum mandate semel atque iterum instaurata est, digna prorsus gallica magnanimitate quæ ære fusili assequatur perennitatem[3].

Il partageait le sentiment de Scaliger, ce per-

  1. Les Poésies de Guillaume Cretin, Paris, Coustelier, 1723, 1 vol. in-12, p. 87.
  2. Dans la dissertation dont il sera parlé plus loin.
  3. Voyez le récit dans notre Appendice, sous le n° VI, p. 321-322.