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Préface.

il jette à la mer tout ce qu’il désespère de sauver, et ne laisse pas d’être fort en peine avec le reste.

Ce n’est pas l’érudition qui lui manque assurément pour se tirer d’affaire ; il en a une à son service aussi solide qu’étendue ; mais cette érudition même le gêne plus qu’elle ne l’aide. Il en est réduit, en somme, à des raisonnements comme celui-ci : « Il est vrai que nous n’avons point d’écrivain du siècle même de l’événement qui en ait fait mention ; mais il est ordinaire que les histoires les plus singulières ne sont pas celles qui sont écrites le plutôt. On suppose qu’elles ont tellement frappé qu’on ne les oubliera jamais et qu’il est inutile de les écrire. C’est beaucoup que malgré cette négligence on ait retenu les noms des deux chevaliers qui font le sujet de l’histoire. »

Pour concilier les contradictions des divers récits, l’auteur de la lettre se livre à des suppositions très-hasardées qu’il serait superflu de reproduire. En désespoir de cause, il conclut ainsi : « Je me contenterai, pour appuyer la réalité du fait, de rapporter le témoignage d’un personnage qui certainement ne passait point pour crédule et qui ne donnait point dans la fable : c’est Jules Scaliger, mort en 1558. »

Belle autorité, en effet, que celle d’un personnage mort en 1558, fût-il Jules Scaliger, pour attester la réalité d’un fait réputé antérieur de près de deux siècles !

Quant au règne sous lequel l’événement aurait eu lieu, le correspondant de M. Maillart pense que pour le déterminer il faudrait retrouver dans quelques chartes les noms d’Aubri de