formes de l’harmiscara des textes carolingiens[1], semble encore un trait conservé de la chanson primitive sur la mort de Raoul, mais on sait combien il est difficile de renfermer dans des limites chronologiques la plupart des usages du moyen âge : telle coutume oubliée presque totalement en France a pu se perpétuer dans le coin d’une province[2] ; elle a pu disparaître complètement de notre pays et se conserver plusieurs siècles encore à l’étranger. C’est pourquoi nous croyons sage de nous abstenir de plus amples considérations.
Le lecteur a déjà remarqué qu’entre toutes les notions historiques qui ont été réunies dans le précédent chapitre en vue d’éclairer les origines de la légende de Raoul de Cambrai, aucune ne peut être mise en rapport avec les événements racontés dans la seconde partie du poème,
- ↑ Michelet (Origines du droit français, pp. 378-380) cite des exemples du port de la selle empruntés au Rou, à Garin le Loherain et à Girart de Viane. — Cf. Du Cange, Glossarium mediæ et infinæ latinitatis, verbo HARMISCARA.
- ↑ En 1038, Geoffroy Martel, comte de Vendôme, réduit par son père le comte d’Anjou, Foulques Nerra, vint lui demander pardon, une selle de cheval sur le dos (Guill. de Malmesbury, cité dans l’Art de vérifier les dates, II, 811).
portant chacun sa selle sur la tête ; Raoul, chargé de celle de son ancien écuyer, aurait dit à toutes les personnes qui se seraient trouvées sur son chemin : « Voici la selle de Bernier. » Les hommes de Raoul trouvaient fort acceptable pour Bernier cette « amendise » que l’offensé refusa hautement.