Aller au contenu

Page:Anonyme - Raoul de Cambrai.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
lxiij
iv. - style, versification et langue

3471 Dont veïssiés fier estor esbaudir,
Tante anste fraindre et tant escu croissir,
Tant bon hauberc desrompre et dessartir.

Les mêmes vers se rencontrent, avec de faibles variantes, bien des fois dans les Lorrains :

La veïssiés grant estor esbaudir,
Tant hanste fraindre et tant escu croissir,
Tant blanc halberc derompre et desartir.

(Mort de Garin, pp. 186, 217, 237 ; Girbert, dans Roman. Stud., I, 377).

On remarquera que plusieurs de ces rapprochements semblent indiquer une connaissance particulière de la geste des Lorrains. C’est ici le cas de rappeler qu’à la p. 78 nous avons déjà signalé un emprunt évident à Garin[1].

L’étude de l’ancien français n’est pas encore assez avancée pour qu’on puisse, en général, affirmer que telle expression est incorrecte ou que l’emploi d’un mot en un sens déterminé est forcé. Pourtant il y eut au moyen âge, comme en tous temps et en toutes langues, de bons écrivains et de mauvais, et nous commençons à distinguer assez bien les uns des autres. Le renouveleur de Raoul de Cambrai ne saurait être rangé parmi les premiers. La rédaction du vocabulaire nous a fourni mainte occasion de constater qu’il ne se recommandait ni par la correction ni par la propriété du style. Cependant il faut lui reconnaître une qualité : il s’abstient de ces intermi-

  1. Ou plutôt à Girbert de Metz. Nous avons suivi le premier éditeur de Raoul qui n’indique pas la source des vers cités par lui comme étant de Garin. Il les a tirés de Du Cange, qui les cite en sa vingt-neuvième dissertation sur l’Histoire de saint Louis.