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Les aventures

en devoit être la profondeur, quelle largeur, & quelle seroit ma méthode pour le vider, je trouvai qu’avec toutes les aides que je pouvois avoir, & que je ne devois pas aller chercher hors de moi-même, il me faudroit bien dix ou douze ans de peine & de travail avant de l’avoir achevé, car le terrein étoit si élevé, que mon bassin projeté auroit dû être profond de vingt-deux pieds pour le moins dans l’endroit le plus distant de la mer. Ainsi, je me désistai encore de ce projet, quoiqu’avec bien de la répugnance.

Cela me donna un chagrin sensible, & me fit sentir, mais un peu trop tard, quelle folie il y a à entreprendre un ouvrage avant d’en avoir calculé les frais, & sans peser avec justesse si les difficultés qui se rencontrent dans l’exécution ne sont pas au-dessus de nos forces.

Au milieu de cette dernière entreprise je finis la quatrième année de mon séjour dans l’île ; & j’en célébrai l’anniversaire avec la même dévotion, & avec autant de consolation que je l’avois fait les années précédentes. Car par une étude constante de la parole de Dieu, par l’application que j’en faisois à moi & à ma condition, par le secours de la grace, j’acquis une science différente de celle que je possédois auparavant : déjà je m’entretenois de toutes autres notions des choses. Je regardois le monde comme une terre