Aller au contenu

Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 18.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
258
Voyages

un plaisir de nous surprendre. Que ces génies sont hardis, dit Monime ! Ils entrent par-tout sans se faire annoncer ; savez-vous bien, meilleurs, qu’on n’est point en sûreté lorsqu’on est en commerce avec vous ; on ne peut se flatter d’un tête-à-tête avec personne. Il est vrai, dit Samaël sur le même ton, que je ne croyois pas que Zachiel seroit ici un tiers incommode, & c’eût été pour moi un vrai plaisir de vous surprendre sans ce témoin ; mais il me paroît cependant qu’il n’a point nui à la fête, & que vous vous amusez assez bien pour ne vous point embarrasser si les heures s’avancent pour vous annoncer le retour du jour. N’est-il pas tems, meilleurs, de laisser à la belle princesse le tems de prendre le repos qui lui est nécessaire ? Laissons-là ma principauté, dit Monime, vous n’ignorez pas qu’elle n’est que postiche. Je sais, répondit plus sérieusement Samaël, que vous méritez mieux que personne du monde de régner, & que les peuples qui doivent être soumis à vos loix, jouiront pendant votre règne de toutes sortes de bonheur & de félicité. Il sortit sans attendre la réponse de Monime, qui ne prit ce discours que pour un compliment très-flatteur.

Le lendemain je ne pus me dispenser d’aller chez Nardillac. Je craignois horriblement ce tête-à-tête, dans la persuasion où j’étais qu’il faudrait me défendre contre des reproches que j’avais si