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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 18.djvu/265

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de Milord Céton.

souvent mérités. J’entrai dans son cabinet d’un air mal assuré ; mon embarras la surprit, elle en devina la cause ; mais sans chercher à en jouit, elle se hâte de m’en tirer. On a bien de la peine à vous avoir, Milord, quels peuvent donc être les soupçons que vous avez formés contre moi ? Je vous supplie au moins de bannir de votre esprit tous ceux qui pourroient m’être injurieux. Je n’ignore pas l’amitié que vous avez pour la princesse Thaymuras, vous devez aussi savoir celui que je conserve pour l’empereur ; je vous ai prié de passer chez moi afin d’unir nos intérêts, & vous faire le dépositaire d’une partie de mes chagrins.

Vous me faites mille graces, madame ; je puis vous assurer que vous ne pouvez les confier à personne qui soit plus disposé que moi à faire tout ce qui sera en mon pouvoir pour vous obliger. Je sais, reprit Nardillac, que la confiance, l’honneur & la probité, sont les vertus que vous chérissez le plus, & que vous êtes loin d’imiter ces hommes qu’un caprice & une contrariété perpétuelle opposent toujours à leurs intérêts & à leurs principes, & leur rend presque inévitable l’injustice dont on les accuse. Plusieurs emploient les plus tendres soins à la défaite d’un cœur innocent ; ils l’étourdissent sur ses devoirs, le séduisent &, lorsqu’ils l’ont gagné, ils l’accusent & le punissent de s’être rendu trop tôt. C’est le triste fort que me fait éprouver l’empereur par son incons-