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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 18.djvu/268

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Voyages

espérances ou les fortifie ; si vous prenez le parti de rester dans cette cour avec la princesse Thaymuras, je perds pour jamais l’espoir de regagner la tendresse de l’empereur, que j’ai long-tems possédée, mon amour & ma gloire y sont intéressés. Je dois cependant vous avertir que vous courez de grands risques en refusant de répondre aux desirs de l’impératrice ; cette princesse ne supporteroit pas patiemment le si mépris que vous seriez de ses charmes ; les avances qu’elle se permet ne m’annoncent que trop les dangers que vous avez à courir : tout l’empire est soumis à ses ordres ; réfléchissez sur le parti que vous devez prendre. Dictez-moi la réponse qu’il faut que je lui fasse, & soyez persuadé, milord, qu’il n’y a que l’intérêt que je prends à vos jours qui ait prime déterminer à me charger d’une pareille commission.

Dans le trouble où me mît cette confidence, je ne pus que remercier Nardillac, en l’assurant que je ne ferois rien qui fût contraire à ses vues. Je la suppliai de ne point dire à l’impératrice qu’elle m’eût parlé, de tâcher de l’amuser encore pendant quelque tems, & de lui insinuer qu’il valoir beaucoup mieux attendre l’effet de ses charrues qui ne pouvoient manquer de faire impression sur un cœur déjà porté à la tendresse. Nardillac approuva mon idée, & je la quittai l’esprit agité des plus vives inquiétudes.