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de Robinson Crusoé.

Il leur répondit, sans doute, qu’un éclat de feu, suivi d’un affreux coup de tonnerre, descendu du ciel, avoit tué deux de ses camarades, & l’avoit blessé lui-même. Cette réponse du moins étoit fort naturelle ; car, comme il n’avoit vu aucun homme près de lui, & qu’il n’avoit jamais entendu un coup de fusil, bien loin d’en connoître les terribles effets, il lui étoit difficile de faire quelque autre conjecture là-dessus. Ceux qui le questionnoient étoient certainement aussi ignorans que lui ; sans cela, ils ne se seroient pas amusés à examiner, d’une manière si tranquille, la destinée de leurs compagnons, sans s’attendre à un sort pareil.

Nos deux Anglois étoient bien fâchés, comme ils m’ont dit, de se voirobligés de tuer tant de pauvres créatures humaines, qui n’avoient pas la moindre idée du péril qui les menaçoit de si près ; cependant, y étant forcés par le soin de leur propre conservation, & les voyant tous, pour ainsi dire, sous leur pouvoir, ils résolurent de leur lâcher une décharge générale ; car le premier avoit tous le tems nécessaire pour recharger son fusil. Ils convinrent ensemble les différens côtés où ils viseroient pour rendre l’exécution plus terrible, & faisant feu en même tems, ils tuèrent & blessèrent quatre de leur troupe, & le cinquième, quoiqu’il ne fût touché en aucune ma-