Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/103

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de conſerver juſqu’au tombeau une ſanté perpétuelle. En achevant ces mots, il en puiſa dans ſa main, & il en but trois fois ; il me convia de l’imiter : après l’avoir fait, nous nous aſsîmes ſur une grande pierre, où nous prîmes un repas léger. Falbao ſe coucha près de nous ; & la liqueur opérant, nous nous laiſsâmes bientôt aller à un ſommeil délicieux.

À peine fus-je livré aux douceurs du repos, qu’un rêve myſtérieux vint agiter mes ſens. Il me ſembloit être dans un lieu de la terre intérieure, où j’allois ſouvent avant que j’en fuſſe ſorti. C’étoit un rocher, dont la pierre étoit de talc, que les brillans & les curioſités qu’il renfermoit me rendoient cher. Il y avoit dans le fond une eſpèce de creuſet formé par la nature, dans lequel bouilloit perpétuellement l’eau de cette mine, laquelle épanchée par l’ardeur du feu, ſe congeloit dès qu’elle en étoit ſortie, & recevoit des formes ſi ſingulières, que je paſſois quelquefois un tems infini à les examiner.

Je rêvois donc que j’étois dans cet antre, lorſque du fond du rocher s’ouvrit avec un tremblement de terre, & me laiſſa voir une galerie éclairée ; la voûte étoit parſemée de mille pierreries de couleurs différentes, qui rendoient un éclat ſi brillant, que les yeux pouvoient à peine en ſoutenir le feu. J’y entrai ; elle abou-