Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/20

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mon amitié pour vous ne pourra-t elle jamais pénétrer dans le fond de votre cœur ? Réſiſterez-vous toujours à mes tendres empreſſemens ? Depuis que je vous ſuis attaché, & que votre mélancolie a percé à travers votre politique, je n’ai pu parvenir au témoignage précieux de votre confiance. Si mon zèle vous eſt cher, apprenez-moi vos ſecrets ; quels qu’ils ſoient, ils ſeront dépoſés dans le ſein d’un ami, non-ſeulement diſcret & compatiſſant, mais encore diſpoſé à perdre le jour, pour vous donner des preuves de ſa vivacité. Ô Sinouis ! qu’oſez-vous exiger, repris-je en ſoupirant ? Comment vous faire le détail d’une vie ſi extraordinaire ! Ne craindriez-vous point que je ne vous fiſſe partager l’infortune qui me ſuit ? Non, non, continua ce véritable ami, rien ne pourra jamais me détacher de vous ; c’eſt en ſuivant votre deſtinée, que je veux vous prouver la ſolidité de mes ſentimens : on ne connoît à fond les amis que dans l’adverſité, & l’on ne doit compter ſur les aſſurances qu’ils nous donnent de leurs empreſſemens, que lorſqu’ils ont été épurés par le feu de l’infortune. Il ajouta encore pluſieurs choſes ſemblables, & j’en fus touché au point que je ne pus me refuſer à ſon empreſſement : je l’aſſurai à mon tour du cas que je faiſois de ſon zele ; & pour