Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/32

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qui l’habitent, les attentats qu’on auroit oſé faire à celle qui commande en ces lieux.

La fermeté de la reine ſurprit le grand prêtre : il s’étoit toujours flatté que les craintes qu’il avoit tâché de lui donner, balanceroient un deſir ſi contraire aux ſtatuts. On n’avoit point d’exemple que les loix qu’il avoit expoſées, euſſent été jamais enfreintes, & la peine qui condamnoit à mort ceux qui les tranſgreſſeroient, ne devoit pas comprendre ſans doute le ſouverain. D’un autre côté, la même peine étoit infligée pour le grand-prêtre, parce qu’étant ſeul le maître ſecret des entrées, les myſtères ne pouvoient être profanés ſans qu’il fût complice de cet attentat.

Lamékis avoit été ſi ſurpris des dernières paroles de la reine, qu’il en étoit reſté immobile ; il ſe jetta enſuite à ſes genoux, & lui parla en ces termes : puiſque vous voulez, ô reine, être abſolument obéie, il faut que vous ſoyez prévenue ſur la conduite que vous devez tenir pour éviter une mort infaillible. L’eſprit qui anime les hommes qu’elle va honorer de ſa préſence, diffère de toutes les façons des ſentimens ordinaires ; nés dans le ſein de la terre & dans celui de l’ignorance, ils ne connoiſſent que Sérapis & ſes loix. Je ſerai le premier en proie à leur fureur, ſi je leur donne